A peine la porte vitrée à l'esquisse du crocodile poussée, des oiseaux de paradis en queue de pie noire apparaissent et vous dépossèdent de tous vos tabous et atours.
C'est un ballet qui commence, des rencontres avec un personnel aux aguets, à l'écoute. L'établissement, vaste salle claire, sobre et lumineuse, palpite : trac, suspense.... Décontraction aussi dès que le sourire d'une remarquable serveuse en salle, nous garantit de passer un moment inoubliable.
Le Crocodile: La salle dans l'attente de ses convives @lrds |
Apéritif maison: un verre de crémant à la fleur d'hibiscus (15 Euros), un verre de pinot gris vendange tardives de chez Catin (17 euros), en parcourant la carte, et en se régalant déjà des yeux.
Une cuisine "truffée d'inventions".
Le Crocodile - Jambonnettes de grenouilles @lrds |
Au Crocodile: Pigeon de la ferme Kieffer @lrds |
Au Crocodile: Filet de Turbot @lrds |
Côté poisson, le "filet de turbot grillé, risotto de panais aux morilles, émulsion champagne" sort tout droit de l'ordinaire et la chair du poisson alliée à la finesse de l'émulsion généreuse en mousse légère séduit par sa fraîcheur et sa longueur en bouche. Un verre de Pacherenc du Vic-Bil (14 euros) proposé ce soir par Gilbert Mestralet - meilleur sommelier de France et associé avec Philippe Bohrer à la reprise du restaurant avec Ludovic Kientz comme chef - couronne le tout d'une belle robe chaleureuse et ronde au palais. Queue et pinces de homard, cabillaud skrei, sole meunière "habillés" façon Bohrer semblent aussi de bons plans...
Le guéridon trône avec le lièvre en deux services, les flambées du desserts, le carafage du vin rouge: un art qui se perd et retrouve ici de la vie, du sens, avec la cave qui date de l'illustre 3 étoilé Emile Jung et dont la tradition ici se perpétue.Un majestueux chariot de fromages circule en salle: on n'y succombera pourtant pas, mais l'affinage ne fait pas un doute au vu des quelques belles pâtes coulantes.
La truffe noire est aussi présente dans les desserts: "Soufflé chaud à la truffe noire, sorbet champagne-truffe". Une place de choix pour cette denrée rare et chérie des gastronomes en quête de parfums subtils.
Les prix sont à la hauteur des ambitions de la cuisine (plats autour de 40 à 60 euros, desserts à 19 euros).
Les amuse-bouche qui égayent le repas, ponctuent et aiguisent les sens. Ils sont servis sur ardoise et déclinent parfums et ingrédients inédits. La bisque d'écrevisses est tout simplement divine, fine et relevée, onctueuse, servie dans une tasse en forme de cœur, terre de Betschdorf..On retrouve les beaux verres à vin signés Emile Jung avec plaisir et sans nostalgie. Toutes ces gâteries "périphériques" attestent de l'inventivité de la cuisine du "nouveau" Crocodile. Celui-ci veille au grain, suspendu comme autrefois en salle. Un œil toujours aux aguets comme le maître de salle et son staff hyper efficace qui fait entrées et sorties depuis un petit paravent discret. Le sommelier fait mouche et son sourire malicieux fait le reste avec un côté théâtral très apprécié. Ambiance sereine pour cette représentation hors pair digne d'un ballet de cour royale. Tenue parfaite du personnel qui semble glisser entre les tables sans heurt ni faute, ni impairs.
Au Crocodile: Mille-Feuille au praliné-chocolat @lrds |
"Remplis Vin
ce verre que je te tends
bulle légère
où jouent les feux sanguins"
Aux berges du Nil, le crocodile se régale et les rives des délices sont bien celles d'un paradis pas perdu où le convive est roi.
Bon appétit
Le Resto du Samedi
Le Crocodile
10 rue de l'Outre
67000 STRASBOURG
03 88 32 13 02
www.au-crocodile.com
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